Avant-propos: S'il y a un piège à éviter, c'est celui de la sacralisation; tout peut être sacralisé: le prophète, la religion, le profit économique, la science, la technologie, le progrès, le sexe, la raison, l'émotivité, etc. Nous assistons à une flambée de fanatismes et d'approches exclusives. Dès lors, il devient urgent et nécessaire de plaider – avec Pierre Bühler – pour une tolérance existentielle construite sur des bases très précises et exigeantes faites de réciprocité sans complaisance. Urgent de rappeler que l'enracinement de toute croyance s'exprime dans un système qui n'est pas objectif, mais subjectif et intersubjectif! Une conviction ne peut se référer à la vérité au sens d'une totalité, mais seulement comme une vérité crue, confessée, attestée, vécue ; et le fait qu'elle se soit imposée à moi ne signifie pas qu'elle doive s'imposer à un autre. La tolérance existentielle est un socle indispensable au débat d'idées...
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Vous trouverez ci-après un résumé en quelques images et textes évoquant les apports du réformateur avec deux ombres au tableau: ses prises de position dans la guerre des paysans et son antisémitisme.
Luther est il responsable de la révolte des paysans de 1525 ?
Les paysans allemands, misérables, exploités, écrasés par les puissants n’en pouvaient plus. Maintes et maintes fois ils se soulevèrent de leur propre chef mais les discours agressifs de Luther sur « la liberté évangélique »
les ont peut-être aussi influencés. Dés le début des événements Luther publia une « exhortation à la paix » en reconnaissant le bien fondé des réclamations paysannes et en critiquant l’arrogance des princes
" Si les princes vous accablent de façon intolérable, ils méritent que Dieu les renverse . Cependant , les paysans ne doivent pas employer la violence"
La guerre des paysans fut atroce: 300000 paysans se révoltèrent . 100000 mourront. Luther s’affole et écrit le pamphlet Contre les paysans meurtriers et pillards.
" Les paysans volent ,ils font rage, ils se conduisent comme des chiens furieux. Il faut les déchirer, les étrangler ,les transpercer. Que quiconque le peut, les étrangle."
Mais à la fin des hostilités, les seigneurs sont à leur tour aussi cruels et sauvages, Luther reprend la plume et exhorte les princes « à être bienveillants pour les prisonniers et pour ceux qui se rendent
Quant à l'attitude de Martin Luther envers les Juifs, elle est inacceptable: CF https://fr.wikipedia.org/wiki/Des_Juifs_et_de_leurs_mensongeshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Des_Juifs_et_de_leurs_mensonges
Luther recommande un plan en huit points pour se débarrasser des Juifs, soit par leur conversion, soit par leur expulsion.
Dans Des Juifs et de leurs mensonges, Luther avance un certain nombre d'accusations contre les Juifs :
Les Réformateurs (Martin Luther, Jean Calvin, Ulrich Zwingli,..) ont exprimé leurs convictions en cinq formules significatives commençant par SOLA ou SOLUS (seul).
Ces 5 points, qui soulignent les différences entre protestantisme et catholicisme étaient déjà listés par les vaudois au XIIè siècle.
Nous estimons, en effet, que l'homme est juste par la foi, indépendamment des oeuvres de la loi. Romains 3.28
L' idée de justification tient une place importante dans les relations humaines et sociales.
Nous désirons un travail et un salaire justes, un traitement juste et une juste appréciation de nos efforts. Dans la vie spirituelle, la justification joue également un grand rôle. Martin Luther s'est trouvé sérieusement confronté à la justification divine. Cette notion l'a plongé dans le plus grand désespoir. L'exigence divine a déclenché dans son âme une lutte qui a atteint son point culminant au printemps 1513. Un an avant sa mort, le Réformateur a rappelé le souvenir de ce moment crucial dans sa vie :
« Il m'était impossible d'aimer ce Dieu juste qui punit le pécheur ; je le haïssais même. Bien que menant une vie exempte de graves péchés, je me découvrais pécheur devant Dieu, ma conscience était troublée et je n'osais espérer obtenir le pardon par mes oeuvres de piété. La colère grondait dans mon âme en désarroi. Poussé par une soif intense, je me plongeai alors dans la lecture de la Lettre aux Romains, pour savoir quelle était l'opinion de Paul.
« Alors Dieu eut pitié de moi. Nuit et jour, je méditai cette épître jusqu'à ce qu'enfin l'assemblage des mots s'illuminât dans mon esprit : Le juste vivra par la foi. Je compris alors qu'il fallait interpréter la justification opérée par Dieu comme un cadeau qu'il accorde à celui qui vit par la foi. Je me sentis alors naître de nouveau. »
Luther avait d'abord voulu se justifier par ses propres forces. Il avait chassé à coups de fouet les péchés et les pensées coupables qui l'assaillaient. En vain. Ces efforts ne faisaient que l'enfoncer dans un désespoir sans bornes. Puis vint l'illumination dans la chambre du sombre monastère de Wittenberg. Cette heure marque la naissance de la Réforme protestante.
La justification divine n'est jamais l'auto-justification, ni la justification par les oeuvres. Elle est la justification accordée gratuitement par Dieu.
Ce qui peut se traduire aussi ainsi:
Le Royaume des cieux ressemble à une personne qui se rend compte qu'elle ne viendra jamais à bout de ce qui pèse - la convoitise, la rivalité, la faute, la culpabilité et le perfectionnisme -, qu'elle n'atteindra jamais une image idéale d'elle-même qu'elle croyait nécessaire pour se rendre acceptable et aimable. Elle accueille alors son impuissance radicale; elle s'ouvre ainsi à l'avenir, à la nouveauté, à l'autre/au divin avec confiance; elle renonce à expier son malheur par une vie de fuite, d'hypocrisie, de devoir ou de mensonge. Ici, la dynamique de guérison est bien une résurrection: laisser venir le courage d'oser être soi-même avec ses ombres et ses lumières en faisant face aux autres. Nous voici libérés de notre passe-temps favori qui consiste à tout idéaliser ou à tout diaboliser, à vomir les autres ou à les dévorer ! Une manière de se laisser dominer tantôt par le désespoir-force en sa volonté de tout maîtriser, tantôt par le désespoir-faiblesse qui cherche le salut dans la fuite. Nous pouvons voir notre aveuglement s'en aller, le laisser partir avec l'aide de Dieu. Apprendre à nous aimer sans enflure ni tristesse, sans tout ramener à soi. Et retrouver foi dans la joie de donner et de recevoir gratuitement, sans chagrin ni contrainte qui est la dynamique privilégiée du Royaume.
Et quelques tableaux d'une exposition basée sur les travaux du Mensuel protestant du sud-ouest, édité par l'association "La voix protestante", presse protestante régional. Dessinateur Benjamen Logard:
mais l'arbre malade porte de mauvais fruits.
Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un arbre malade porter de bons fruits.
Matthieu 7.17-18
Dans son Petit traité de la liberté chrétienne, Martin Luther aborde l'image de l'arbre et du fruit.
" Les deux propositions sont vraies : les bonnes œuvres ne feront jamais un homme bon, mais un homme bon accomplira de bonnes œuvres. Des œuvres mauvaises ne feront jamais un homme mauvais, mais un homme mauvais accomplira des œuvres mauvaises. Il faut donc nécessairement que la nature de l'être humain devienne bonne avant qu'il puisse accomplir de bonnes œuvres ; celles-ci découlent de la personne. Il est évident que ce ne sont pas les fruits qui portent l'arbre, et que celui-ci ne pousse pas sur les fruits ; c'est le contraire. L'arbre porte les fruits, et les fruits poussent sur l'arbre. Il faut donc que la nature de la personne humaine soit bonne avant qu'elle puisse produire une œuvre bonne. Ses œuvres ne la rendent pas bonne ou mauvaise, mais elle-même peut rendre ses œuvres bonnes ou mauvaises."
Il faut donc que la nature de la personne humaine soit bonne avant qu'elle puisse produire une œuvre bonne. C'est justement ce que nous sommes appelés à demander encore et encore...
Que nos œuvres soient bonnes veut dire aussi se soucier les uns des autres, nous inviter mutuellement à de meilleures dispositions de cœur et d'intention. Dans la mythologie de l'époque qui diabolisait l'enfer, Luther dira dans l'une de ses prières: