Faut-il lâcher le lâcher prise?
Changer, se déprendre de mauvaises habitudes est loin d'être chose facile. La sagesse populaire le dit en ces termes précis: chassez le naturel et il revient au galop!
Alors, peut-on réellement et profondément changer d'orientation?
![]() Dans cette approche simplifiée sans doute
volontairement, le philosophe néanmoins jette un pavé dans la marre de la
modernité : Si l'intention du philosophe est bonne, elle me semble encore très ancrée dans des stratégies de bien-être zen destinées principalement à nous permettre de ne pas nous figer dans ce que nous ressentons pour mieux goûter à cette vie intérieure si riche et foisonnante. Mais ce n’était pas vraiment le propos de maître Eckhart dont la mystique chrétienne prônait plutôt d’abandonner les images et représentations qui envahissent l’esprit : ainsi, l’homme découvre une profondeur infinie qui fait de lui un être « inappropriable », irréductible à toute définition. C’est peut-être cela l’humanité de l’homme… Saisir combien "quelque chose" nous échappe, et ce "quelque chose" est peut-être la part la plus essentielle de nous-mêmes, une part divine s’entend. Un lâcher-prise non orienté nous ferait passer à côté de ce mystérieux quelque chose lié à la conscience qui n’est pas simplement le produit de notre corps et de notre cerveau. Il s’agit de se laisser tomber dans ce mystère : pas facile en vérité ! Car il nous fascine et nous répulse. Il nous conforte, nous rassure et conteste nos besoins délirants de sécurités en tous genres notamment. L’enjeu ne sera pas ici de se déprendre de tout attachement excessif à soi, aux autres ou à la matérialité, mais de laisser ce numineux, cette part irréductible et mystérieuse, nous bonifier, et surtout de lui faire confiance. Car il y a plus que la vie dans la vie ! Un quelque chose qui nous échappe et qui pourtant est bien là. Il fait de chacun de nous un miracle. Nous pouvons le rejoindre dans un abandon conscient et confiant par notre Âme-Esprit capable d’interagir avec – comme l’appelait Max Planck - un Esprit intelligent et conscient qui est la matrice de tout. Ce champ est bien réel, quel que soit le nom que nous lui donnons et quelles que soient les lois de la physique auxquelles il se conforme ou non. Il est ici en cet instant même ; il existe sous la forme de vous et de moi. Il est aussi notre univers intérieur et extérieur, le pont quantique entre tout ce qui est possible, envisageable, ou souhaitable dans notre esprit et ce qui se matérialise dans notre réalité et dans le monde. Cette interaction est un presque rien pourtant si nécessaire auquel nous aurons tout intérêt à consentir. |
L'apprentissage de l'imperfection Soit, mais comment lâcher prise? |
En quêtes éperdues de sécurité
La tradition chrétienne appelait cette aliénation le péché. Elle postule que l'humain est habité - parfois jusqu’au délire - par une volonté de s'auto-suffire, de s'auto-justifier qui se traduit par un besoin éperdu de sécurité matérielle, de confort, de pouvoir, de gloire, de jouissances diverses et d'épanouissement personnel, et qu'il est prêt à tout pour arriver à ses fins; pour ce faire, l'humain utilisera nombre de stratégies parmi lesquelles: le recours à la force, à la ruse, au mensonge, à la manipulation, au chantage, à la dette imposée ou encore à la séduction. Cela fait de nous des êtres en manque permanent de sécurités...car un besoin satisfait, comme un but atteint, ne dure pas longtemps. Le vide demande toujours à être comblé, encore et encore... Nous sommes aliénés à cette course folle, à ce combat quotidien que nous entendons mener seul-e bien entendu, sans l'aide divine ! C'est une course folle, sauf si nous acceptons d'en voir la vanité. Notre quête est dérisoire comme le disait la comptine: le bonheur est dans le pré, cours-y vite il va filer! Oui, en réalité, la peur et le manque font de nous des mendiants de sécurité matérielle et affective, car en notre quête nous recherchons aussi l'attention, l'affection, l'estime, la considération, l'amour, la compassion, etc. Vouloir le nier est comique, vouloir agir ainsi néanmoins à notre guise est pathétique!
Et cette profonde inimitié envers Dieu G.van der Leeuw, dans son étude de la phénoménologie de la religion, l’atteste : il y a chez l’humain un désir profond de ne pas accepter simplement la vie qui lui est donnée ; il y a donc recherche de puissance – et surtout de sécurité matérielle et affective - pour avoir une vie plus riche, plus profonde, plus ample dans une quête du tout tantôt accessible tantôt inatteignable ; elle est expérience particulière, éprouvée, vécue mais aussi révélation jamais entièrement expérimentée dans la vie, référence à quelque chose d'étranger ou d’absurde qui traverse le chemin de notre humanité en venant contester nos raisons de vivre et nos attentes rêvées ou légitimes. Face à ce que la vie devrait ou pourrait être qui n'a pas ressenti de l'amertume et du désespoir? Si un dieu existait vraiment, s'il était réellement bon, notre condition humaine ne serait-elle pas différente? Bien meilleure? Nous rejetons alors la figure du père - ce dieu qui devrait mieux conduire et diriger ses créatures - et celle de la mère - un dieu aimant et aidant. Et si pourtant, comme a osé le démontré Jésus Christ, la Loi et l'Amour étaient une seule et même chose? Et s'il fallait nécessairement l'Amour pour faire avancer notre humanité et notre condition humaine? La tradition chrétienne nous invite au tragi-comique assumé, obtenu en nous laissant tomber en Dieu que désormais nous n'entendons plus tenir à l'écart; au contraire, nous choisissons de vivre un partenariat créatif, non plus sans Lui, mais avec Lui. | La résurrection / le Royaume des cieux ressemble ici à une personne qui se rend compte qu'elle ne viendra jamais à bout de ce qui pèse - la convoitise, la rivalité, la faute, la culpabilité et le perfectionnisme -, qu'elle n'atteindra jamais une image idéale d'elle-même qu'elle croyait nécessaire pour se rendre acceptable et aimable. Elle accueille alors son impuissance radicale; elle s'ouvre ainsi à l'avenir, à la nouveauté, à l'autre/au divin avec confiance; elle renonce à expier son malheur par une vie de fuite, d'hypocrisie, de devoir ou de mensonge. Ici, la dynamique de guérison est bien une résurrection: laisser venir le courage d'oser être soi-même avec ses ombres et ses lumières en faisant face aux autres. |
Que faudrait-il lâcher pour goûter aux joies d'une vie suffisamment bonne?
Le tout tout de suite, le tout tout le temps? Notre recherche de puissance, de sécurité matérielle et affective? Faudrait-il se détacher de tout et de tous? Et surtout d'une image idéalisé de soi-même?
Ce qu'il faut lâcher, c'est l'illusion d'être jeté dans un univers-machine totalement froid et indifférent à notre sort, qui est juste bon à combiner les possibles en fonction de lois connues, encore à découvrir, du hasard ou de coïncidences heureuses. C'est la vision du monde que nous proposent les déterministes de tous bords. Une vision contestée notamment par des physiciens contemporains comme Phillippe Guillemant ou Nassim Haramein qui sont plus proches de Max Planck qui disait:
"Ayant consacré toute ma vie à la science la plus rationnelle qui soit, l'étude de la matière, je peux vous dire au moins ceci à la suite de mes recherches sur l’atome : la matière comme telle n'existe pas ! Toute matière n'existe qu'en vertu d'une force qui fait vibrer les particules et maintient ce minuscule système solaire qu'est l'atome. Nous pouvons supposer sous cette force l'existence d'un Esprit intelligent et conscient. Cet Esprit est la matrice de toute matière."
Cette Matrice est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin : tout en découle et tout y retourne; nous en faisons partie que nous le voulions ou non! C'est en elle et par elle que toute vie se décline.
S'il y a bien un Esprit intelligent, conscient et bienveillant, alors nous ne sommes plus tout-à-fait seuls au monde! Nous pouvons lâcher cette illusion. Apprendre à concilier et réconcilier la Loi et l'Amour, le divin et l'humain, le matériel et le spirituel...Susciter et re-susciter tout ce qui est bien, beau, bon, généreux, noble, charitable, sympathique, utile, agréable, indispensable, incontournable ou nécessaire, les concrétiser en pensées, en paroles et en actions, ceci quand bien même nous sommes imparfaits et inconstants.
Dans l'approche de l'Univers connecté de Nassim Haramein, tout est en interactions, en échanges, en rétroactions (feedback): l'information est disponible en tout point et en tout temps, à travers les protons par exemple, à travers aussi l'espace-temps rebaptisé l'espace-mémoire. Nous participons à cet Esprit intelligent, conscient et bienveillant à travers notre conscience étendue aux dimensions cosmiques.
Le tout tout de suite, le tout tout le temps? Notre recherche de puissance, de sécurité matérielle et affective? Faudrait-il se détacher de tout et de tous? Et surtout d'une image idéalisé de soi-même?

Cette Matrice est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin : tout en découle et tout y retourne; nous en faisons partie que nous le voulions ou non! C'est en elle et par elle que toute vie se décline.
Nous pouvons Lui demander la force, le courage ou l'inspiration pour aller vers ce que nous aimons.
Nous pouvons apprendre à laisser venir l'Aide divine, à la recevoir humblement avec gratitude et reconnaissance, éprouver la joie de co-créer avec Elle notre réalité et notre société.